Faire confiance, le prérequis indispensable pour dépasser nos individualités

Bas Jan Ader s’élançant pour sa performance In Search of the Miraculous en août 1975. Quand Faire confiance est poussé à son paroxysme.

Partir en mer c’est s’élancer dans un environnement hostile où le risque encouru est la mort. Sauf inconscience, si l’on n’est pas en confiance, on reste à terre.

L’eau, le sel, le soleil, le manque de nourriture… si la mer est le berceau de la vie, il faut reconnaitre que nous ne sommes plus naturellement disposés pour la traverser. Le seul moyen de la parcourir demeure l’association d’un abri mobile (un bateau) et d’une bonne dose de confiance dans le fait que l’on arrivera de l’autre côté.

La confiance est indispensable pour s’élancer.

Confiance en ses propres compétencesj’ai les connaissances pour avancer dans ce milieu et la capacité de réagir à l’imprévu en m’adaptant.
Confiance en son matérielle bateau est adapté à l’ambition de navigation, bien entretenu et son maniement m’est connu.
Et enfin confiance en celles et ceux avec lesquels on part – ces personnes, parfois inconnues, avec qui je m’enferme dans l’immensité de l’océan vont devenir mes seuls partenaires de vie pendant cette aventure.

Malgré toute la préparation, certains paramètres (notamment humains et météorologiques) sont et resteront des inconnus. La confiance ne peut alors pas se construire au fil du temps, étayée par une multitude de preuves tirées de l’expérience.

À ce moment-là, pour oser y aller, la confiance doit être donnée.

Partir en mer devient alors un « acte de foi » : on y va parce qu’on y croit malgré la part d’inconnu.

C’est la différence entre Avoir confiance, une estime acquise au fil du temps, et Faire confiance, partir dans l’inconnu avec optimisme.

Et c’est parce que partir en mer demande de faire confiance aux autres et qu’ils nous le rendent que l’on vit des moments si intenses, que l’on crée des liens si forts et que les réalisations collectives dépassent les espérances. Explication.

Si la confiance est une construction méthodique autant qu’un lâcher prise, elle prend deux formes dont les combinaisons lui donnent toute sa richesse.

Qu’est-ce que la confiance ?

1) Avoir confiance c’est savoir que l’autre respectera son engagement

La 1ère forme est la plus évidente : je crois que l’Autre fera ce qu’il dit. Il prétend avoir des compétences, le temps et les dispositions nécessaires pour mener à bien une tâche spécifique, et je le crois. Je me repose sur lui. 

En face, si je souhaite créer la confiance et qu’elle perdure, cela me demande de faire preuve d’honnêteté quant mes capacités – je ne vais pas promettre ce que je ne me sens pas en mesure de réaliser – et de la ténacité – pour tenir mes engagements malgré les difficultés qui se présenteront. 

Je sais ce que je fais & je vais mettre tous les moyens en œuvre pour y parvenir.

2) Faire confiance c’est savoir que l’autre me soutiendra dans les difficultés, et que je ferai de même

La 2nde forme de confiance est plus difficile à atteindre, car elle est intime et va à l’encontre de nos manières de fonctionner habituelles : j’ai des faiblesses, mais je les assume car l’Autre sera à mes côtés lorsqu’elles seront exposées.

Dans un environnement concurrentiel où chacun est en concurrence avec tout le monde – ce qui est souvent le cas dans l’univers compétitif des entreprises -, cette confiance ne peut se développer. Chacun cache ses failles et agit dans son propre intérêt afin de ne pas risquer de les dévoiler. Mais parfois, une situation imprévue, un moment de relâchement festif ou une inattention liée à la fatigue va révéler ce que nous cherchons bien souvent à dissimuler. 

À ce moment-là l’Autre a deux possibilités : soit il nous attaque là où notre carapace présente une faille, soit il tombe le masque également en dévoilant les siennes et devient un allié. 

Nous avons chacun nos expériences, nos forces et nos faiblesses, nos compétences, nos qualités et nos défauts. L’un est fort là où l’autre le sera moins, mais lorsque l’on s’associe, la force d’un seul devient la force du groupe, et ce que l’on prenait pour des faiblesses ouvrent en réalité des opportunités.

Nos vulnérabilité sont en réalité les germes de nos plus grandes forces. Considérer nos « faiblesses » c’est considérer les particularités qui font nos personnalités. Et les accepter nous permet de les renforcer pour devenir nous-même plus fort.

En nous ouvrant aux membres de notre équipe on ne se met pas en porte-à-faux, non. En se dévoilant on révèle nos forces et, en miroir, on identifie les points sur lesquels le groupe doit se renforcer. Cela nous permet alors d’améliorer notre organisation. 

Partager des histoires personnelles permet de montrer à nos pairs que nous ne sommes pas parfaits. Nous sommes humains, doués d’empathie et l’on peut construire entre nous une relation de confiance.

Lorsque cette confiance apparait, on se dévoile sincèrement et on peut alors se compléter en créant un collectif plus fort que la somme de nos individualités qui le composent. 

Cette confiance très personnelle nous amènera également à nous engager davantage, à dépasser nos appréhensions pour prendre pleinement part au collectif qui nous soutient.

J’accepte qui je suis & je me mets sincèrement au service du collectif.

En résumé, la confiance se construit ET se donne, en tenant ses promesses ET en acceptant ses faiblesses.

Comment créer cette confiance ?

Le meilleur moyen alors de mettre rapidement les membres de notre équipe en confiance c’est de :

  1. leur prouver par l’expérience qu’ils ont de bonnes raisons d’avoir confiance en nous (et c’est pour vous faire vivre un concentré d’expériences que Zomia vous embarque en voilier),

  2. commencer par dévoiler nous-mêmes nos faiblesses pour qu’ils nous fassent confiance (le bateau, comme environnement déstabilisant loin du bureau, permet d’initier de nouvelles interactions plus sincères).

En partant en voilier, nous ne pouvons pas uniquement Avoir confiance, il nous faut Faire confiance. Et c’est un pari !
Faire confiance c’est mettre sa vulnérabilité entre les mains de l’Autre, c’est faire preuve d’un optimisme naïf en espérant qu’il ne profitera pas de nous. C’est faire un pas vers l’Autre en espérant que l’empathie congénitale de notre espèce le pousse à faire de même.

Faire confiance c’est amener l’Autre à avoir confiance. 

Et là, tout devient possible…

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